Trajet de la circumnavigation de Pigafetta sous les ordres de Magellan

"Sur VR, comme dans la vraie vie, ton adversaire jamais ne sous-estimera." 

Nous avons laissé notre Fernão prêt à en découdre. C'est à travers le récit de Pigafetta que nous connaissons les dernières heures, peu glorieuses, de Magellan (ici, page 186-187) :

« Nous sautâmes, raconte-t-il, dans l’eau jusqu’à la ceinture, et nous dûmes avancer deux bonnes portées de flèche jusqu’au rivage, tandis que nos canots, à cause des récifs, ne pouvaient pas nous suivre plus loin. À terre nous trouvâmes quinze cents indigènes, partagés en trois bandes, qui coururent sur nous en poussant des cris effroyables. Deux d’entre elles nous attaquèrent par les flancs et la troisième de face. Notre capitaine divisa les hommes en deux groupes. Des canots nos mousquetaires et nos arquebusiers tirèrent pendant une demi-heure, mais inutilement, parce que les projectiles, à une telle distance, ne pouvaient plus traverser les boucliers ou ne faisaient que des blessures sans gravité. Ce que voyant le capitaine cria de ne plus tirer (manifestement pour économiser les munitions), mais on ne l’écouta pas. Lorsque les indigènes se rendirent compte que nos balles ne leur faisaient presque aucun mal, ils cessèrent de reculer. Poussant des cris de plus en plus forts et sautant de côté et d’autre pour éviter nos projectiles, ils se rapprochèrent peu à peu, en se couvrant de leurs boucliers, et firent pleuvoir sur nous une grêle de flèches, de telle sorte que nous pouvions à peine nous défendre. Pour les effrayer, le capitaine envoya quelques-uns de nos hommes mettre le feu à leurs cases. Mais cela ne fit que les rendre encore plus frénétiques. Plusieurs des indigènes coururent du côté du feu, qui dévora vingt ou trente cases, et abattirent deux des nôtres. Le reste se précipita sur nous avec une fureur qui toujours s’accroissait. Lorsqu’ils remarquèrent que si nos bustes étaient protégés nos jambes ne l’étaient pas, ils les prirent comme cibles. Le capitaine eut le pied traversé par une flèche empoisonnée, sur quoi il donna l’ordre de reculer pas à pas. Mais presque tous nos gens se mirent à prendre la fuite d’une façon précipitée, ce qui fit que nous ne restâmes pas plus de sept ou huit avec lui. De tous les côtés l’ennemi nous criblait de projectiles, et nous étions incapables d’opposer aucune résistance. Les bombardes que nous avions dans les canots ne pouvaient pas nous aider, car l’eau peu profonde ne permettait pas à ceux-ci d’avancer. Ainsi nous reculions de plus en plus tout en combattant sans cesse, et nous étions déjà à une portée de flèche du rivage, avec de l’eau jusqu’aux genoux. Mais les indigènes continuèrent à nous poursuivre, repêchant les javelots qu’ils avaient déjà lancés contre nous, de telle sorte qu’ils pouvaient se servir cinq ou six fois du même projectile. Ayant reconnu le capitaine, ils le visèrent particulièrement. À deux reprises ils réussirent à lui faire tomber son casque. Mais lui, avec quelques-uns de nous, resta à son poste comme un brave chevalier, sans tenter un nouveau recul, et ainsi nous combattîmes pendant plus d’une heure, jusqu’à ce qu’il reçût une flèche en plein visage. Dans sa colère il perça immédiatement la poitrine de son agresseur d’un coup de lance, mais celle-ci resta dans le corps du mort. Le capitaine essaya alors de tirer son glaive hors du fourreau, mais il ne put y parvenir, un projectile lui ayant paralysé le bras droit. Voyant cela les ennemis se précipitèrent sur lui tous à la fois, et l’un d’eux lui fit d’un coup de sabre une telle blessure à la jambe gauche qu’il tomba la tête en avant. Aussitôt tous les Indiens se jetèrent sur lui et le percèrent à coups de lances. Et c’est comme cela qu’ils tuèrent notre miroir, notre lumière, notre consolation, notre chef dévoué. »

 

 

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