Cadix

Y a vraiment du relâchement du côté de la bardesse... Mille excuses, lectrice choyée, lecteur adoré... Mais cette fin de course m'a amenée fourbue, au lit à 21h hier soir, sans avoir accompli mon devoir épistolaire. Ce billet sera donc, toute honte bue, antidaté...

De quoi y parlerons-nous ? Un bref récit de la fin de course des héroïques marins de la flotte de Magellan. Je vous renvoie à qui vous savez pour le détail  (pp. 208-219), mais je vais vous en faire un condensé :

Les dix-huit gaillards (enfin, beaucoup moins gaillards qu'au départ) débarquent en titubant de faim et de sommeil à Séville après avoir remonté le Guadalquivir. Ils se chargent la panse, se déchargent de ce qui peut l'être et s'affalent rompus pour des journées de sommeil.

Evidemment, la foule les a acclamés. Enfin, ceux qui se souviennent de leur départ, parce que trois ans se sont écoulés (oui, mes amis virtuels, trois ans...). L'expédition, si on passe sous silence la mort de plus de 200 marins est un succès commercial : 46 tonnes d'épices rapportés valent plus que 5 navires !

Cependant, quelques hommes tremblent à l'idée de leur retour. Souvenez-vous des traitres du détroit (et les félons de VR, on vous voit...), ceux qui ont rebroussé chemin... Eux pensaient être tranquilles jusqu'à la fin de leurs jours, comptant sur la mort irrémédiable des opiniâtres. Mais ils sont soulagés de voir que Magellan n'est pas revenu, et que c'est del Cano qui ramène ce qui reste de l'armada : del Cano a en effet été leur allié dans la débandade. Bref, on absout tout le monde.

Et Magellan ? Il laissera son nom dans l'histoire, mais pas de postérité, puisque sa femme, son fils et l'enfant à naître mourront pendant l'expédition. 

Et quand même, laissons le grand Stefan conclure :

Mais ce n’est jamais l’utilité d’une action qui en fait la valeur morale. Seul enrichit l’humanité, d’une façon durable, celui qui en accroît les connaissances et en renforce la conscience créatrice. Sous ce rapport l’exploit de Magellan dépasse tous ceux de son époque. C’est pourquoi la magnifique entreprise de ces cinq petits et faibles navires partant pour la guerre sainte de l’humanité contre l’inconnu restera à jamais inoubliable. Inoubliable aussi restera le nom de l’homme qui a conçu et réalisé un projet si grandiose. Car en trouvant la mesure, cherchée en vain depuis des siècles et des siècles, du globe terrestre, l’humanité a découvert sa véritable mesure, et, à la grandeur de l’espace terrestre vaincu, reconnu avec joie et courage sa propre grandeur. L’exploit de Magellan a prouvé, une fois de plus, qu’une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis et que toujours un homme, avec sa petite vie périssable, peut faire de ce qui a paru un rêve à des centaines de générations une réalité et une vérité impérissables.

 

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